Envie d’écrire des vrais trucs.
De vraies histoires. Avec de vrais mots.
Mais pas des trucs de pseudos réalités.
Ni même avec la mention “inspiré de faits réels”.
Juste de vrais mots, sur de vrais instants. Comme des Iku spontanés.
Ou simplement une succession de Polaroïds encore frais.
Alors une petite histoire improvisée :
Sur la scène du théatre il y avait toute cette fanfare habituelle d’acteurs,
un maquilleur s’affère à peindre les mains,
les pieds et tout ces bouts de chairs qui dépassent ça et la des costumes si bien taillés.
Le metteur en scène, lui, surplombe l’ensemble, le corps tranché en deux par l’obscurité.
Il met ses bras tout au bout de son corps, en direction de l’amas actif en face de lui.
Il dessine un carré avec ses doigts pour planter le cadre. “Parfait ! parfait !” Il s’écrie il jubile.
Il transpire.
On peut même sentir la moiteur de son être embaumer complètement la pièce.
Le maquilleur se jette alors hors de l’ensemble, et l’on découvre les masques.
Vu de l’extérieur, c’est comme si tout le vieux Venise s’était donné rendez vous.
Les acteurs gloussent, s’esclaffent, se pavanent et se déplacent comme des pantins désarticulés.
Une petite brume épaisse lèche le sol et rend la chose encore un peu plus sordide.
Les costumes sont soyeux, les matériaux nobles, hyper travaillés voir mystérieux.
On distingue les femmes des hommes de part leurs chevelures ou leurs postures.
Pour le reste les habits sont presque identiques, et étreignent leurs corps jusqu’au plus près.
Tout cela semble bien grotesque, comme une troupe en débandade ou des marins débauchés.
Et pourtant, le metteur en scène, tel un marionnettiste, articule ses avatars avec précisions;
Comme un chirurgien sectionnant la chair avec raison.
Puis, d’abord lentement, les pas s’accélèrent; Presque innocemment,
mais quelques éléments du décors trahissent l’ascension qui suit son cours.
Un cercle, ou plutôt un ovale se trace au sol;
C’est la fumée qui s’écarte poussée par les mouvements de la troupe.
C’est le plâtre qui par amas, se dérobe et s’arrache des plafonds.
C’est le bois du sol qui couine et balance sous le poids des comédiens.
Ce sont finalement les masques eux même qui semblent se lézarder.
Le metteur en scène lui, à moitié lumière, à moitié nuit,
Épouse les gestes, traits après traits de cette usine à gaz déchainée.
Épileptique, son corps n’est plus qu’ondes et vibrations.
Il résonne avec toute la scène et devient oscillation.
Ensuite tout s’enchaine comme le clic d’une mécanique.
Toute la pièce se met à vibrer, entrainant avec elle jusqu’à l’électricité !
La lumière se fait stroboscopique et le tout mue comme les battements d’un essaim vengeur.
Les lumières implosent, le bois se fracasse, des moulures se décrochent et tombent sur la tribu.
D’abords comme un éclat, puis presque comme un rire…
La lumière n’est déjà plus la. L’on ne peut que deviner ce qui de la scène vient de succéder.
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Il fait noir, il est un peu tard; Je me reli et m’aperçois que je n’ai encore rien écrit.